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Catégories : Si Bolbec m'était conté

Au Moyen Age, l’organisation féodale de Bolbec est extrêmement complexe. Outre les terres appartenant au prieuré du Val-aux-Grès et celles appartenant à l’abbaye du Valasse (entre  la rue Pasteur  et la place De Gaulle actuelles), on y compte pas moins de 10 fiefs et 6 arrière-fiefs,  tous  ayant des terres morcelées et réparties par ci par là sur le territoire. Toutes les conditions sont donc réunies pour que des querelles se fassent jour, concernant soit des possessions territoriales soit des prérogatives ou des droits à revenus substantiels.

 

Les deux plus importants fiefs de Bolbec sont le fief de la Marche relevant du Comté de Lillebonne et le fief de Sorent dit fief de Fontaine relevant du roi dont le chef-mois (chef-lieu du fief) est sis dans le château au bout de la vallée de Fontaine au dessus du Vivier.

Le comte de Lillebonne avait fait transférer le marché des Trois-Pierres à Bolbec. Ce marché fut la source de longues difficultés entre les comtes de Lillebonne et les seigneurs de Fontaine. Malgré l’importance de l’emprise territoriale de leur fief sur Bolbec, ces derniers n’y avaient ni foire ni marché. Aussi tentèrent-ils de se faire concéder par le roi qui en avait seul le pouvoir, un droit de marché sur leurs terres.

 

En juin 1519, Louis Martel, seigneur de Fontaine, prenant indûment la qualité de seigneur de Bolbec, obtint par surprise des lettres patentes de François 1er lui accordant le droit de tenir une foire le jour de la Saint-Laurent dans la vallée de Fontaine. Ces lettres ne reçurent sans doute aucune exécution puisqu’en juin 1584, de nouvelles lettres  établirent, à la demande de François Martel, une foire le jour de la Saint-Laurent et un marché le jeudi de chaque semaine.

 

Cette fois, la réaction fut vive et Charles de Lorraine, duc d’Elbeuf et comte de Lillebonne fit opposition à ces lettres et un arrêt du Parlement du 15 mars 1586 lui donna gain de cause. Mais la bataille judiciaire fut longue puisqu’en 1616 un nouvel arrêt défendit aux seigneurs de Fontaine de ne tenir aucun marché à Bolbec. Malgré cela, les difficultés continuèrent, accompagnées parfois de brimades physiques sur les marchands.

 

Un accord intervint en 1629, les seigneurs de Bolbec reconnaissant que seul le comte de Lillebonne avait droit d’établir un marché à Bolbec, ce qui n’empêcha pas M. de Fontaine-Martel de faire ériger des hallettes et des étaux sur la place du marché qu’il fut condamné à démolir dans un délai de six mois par un arrêt du 8 juin 1638… Et d’envoyer, en 1711, ses gens percevoir les droits de marché en lieu et place du receveur du comte de Lillebonne.

 

 

C’est Louis XIII qui mit fin à la querelle. Par lettres patentes de juillet 1637 octroyées à Catherine-Henriette de France duchesse d’Elbeuf et comtesse de Lillebonne, il lui accorda un marché le jeudi de chaque semaine et trois foires le 10 août pour la Saint-Laurent, le 29 septembre pour la Saint-Michel et le 11 novembre. Pour des raisons que l’on ignore la foire St Laurent ne commence qu’en 1711. A ses débuts cette foire était destinée à la vente des animaux et des productions agricoles et artisanales, tout comme la foire Saint-Michel.

 

 

La foire Saint-Michel se tenait à trois endroits différents : Les chevaux se vendaient au « Montauban » ; les vaches, les porcs et les moutons, au « Val-Ricard », dans un vaste herbage remplacé aujourd’hui par la place Félix Faure. Toutes les autres marchandises étaient vendues sur la place du marché.

 

Toutes ces activités créent une grande animation dans la ville. Cette animation attire également à Bolbec tout un ensemble de métiers ambulants et forains  (amuseurs publics, montreurs d’ours, jongleurs etc…) ce qui donnait à la foire un caractère festif. C’est ce caractère festif qui, au travers des siècles, prit le dessus au détriment des ventes pour connaitre ce qu’est la foire aujourd’hui avec ses manèges et ses stands.