Vous êtes ici : Accueil » MA MAIRIE » PUBLICATIONS » #7 Quand Bolbec mouchait la France entière et le monde ! (1ère partie)

Catégories : Si Bolbec m'était conté

Dès 1714, on fabriquait des mouchoirs à Bolbec, et, à partir de la Révolution,  le travail du coton  prit définitivement le pas sur celui de la laine. Un « Etat des manufactures » de 1796 dénombre  48 fabricants de mouchoir ce qui montre la part prépondérante tenue à cette époque par la fabrication de mouchoirs dans l’industrie textile bolbécaise. L’apparition du tabac à priser va permettre le développement de cette industrie du mouchoir.

Comme l’indique l’Etat des Manufactures de 1806, « Ces objets sont en coton et fil (lin), les fils sont en majeure partie des produits du pays. Ces mouchoirs sont presque tous pour la poche, une petite quantité pour le col des femmes ». On apprend donc qu’il se fabrique à Bolbec deux types de mouchoirs : le mouchoir de cou (moucheux d’co) et le mouchoir de poche (moucheux d’pouquette). Si le mouchoir de poche était uniquement tissé, le mouchoir de cou pouvait être tissé ou imprimé.

 

Ce tableau montre l’évolution de la production de mouchoirs qui va atteindre son apogée en 1865 avec 1million et demi de mouchoirs fabriqués. La guerre de 1870 va porter un coup fatal à cette industrie. Même en bradant la marchandise, les stocks vont s’accumuler, les manufactures ferment les unes après les autres. Il n’en reste plus que 5 en 1883.

L’apparition et le développement du mouchoir en papier après la Première Guerre Mondiale ainsi que  les délocalisations dans les pays du Tiers-Monde vont finir par porter le coup de grâce à la production bolbécaise. La dernière usine, Fleurot-Baudin, malgré une certaine diversification, va fermer en 1982.

Les quelques échantillons déposés par les manufacturiers au Conseil de Prud’hommes de la ville et conservés aux Archives municipales sont les derniers témoins de cette florissante production bolbécaise. Les fabricants effectuaient ces dépôts pour se réserver la propriété des dessins pendant une période donnée voire à perpétuité. Ainsi, en 1857, Jacques Leblond, fabricant de mouchoirs au 85, rue du Havre (rue Gambetta actuelle, entre le centre médical et le parking des Lions) dépose une série de 21 demi-mouchoirs.

 

 

 

Pour certains manufacturiers, ces dépôts constituent une véritable marque de fabrique : le dessin du mouchoir permettait de savoir de quelle manufacture il provenait, comme l’échantillon déposé par le fabricant Montier-Huet le 17 août 1867 ou celui déposé par Louis Joseph Morel, fabricant de mouchoirs rue aux Moules (rue Thiers actuelle, juste à côté de l’église) le 23 août 1867, ou encore celui déposé par la manufacture Pouchet Pierre & fils, fabricant rue du Havre ( rue G. Clemenceau actuelle).
On peut remarquer que tous ces échantillons, si leurs dessins sont différents, utilisent, outre le blanc,  les trois mêmes couleurs : le bleu, l’orange et le rouge. Selon la tradition bolbécaise, le bleu symboliserait la rivière, l’orange rappellerait le grand incendie de 1765 et le rouge le sang de la Révolution.

 

 

Derniers témoins d’une époque plus proche de nous, les échantillons déposés par la société Baudin Carault, une série de quatre mouchoirs en 1905 et une autre de trois en 1906.