Vous êtes ici : Accueil » MA MAIRIE » PUBLICATIONS » #8 Quand Bolbec mouchait la France entière et le monde ! (2ème partie)

Catégories : Si Bolbec m'était conté

A Bolbec, on produisait aussi des mouchoirs imprimés depuis au moins 1757, année où ont été saisis, chez Philippe Bennetot,  « 39 coupons de 117 aunes de toiles peintes, plusieurs en pièces, les autres en mouchoirs fond blanc, fleurs brunes et 7 moules en bois servant à imprimer ». Ces pièces de tissu appelés indiennes avaient été fabriquées clandestinement, les interdits royaux frappant ce genre de fabrication en France depuis 1686, et ce, jusqu’en 1759, afin de ne pas faire concurrence aux drapiers et aux soyeux qui avaient vu leurs ventes chuter depuis l’apparition de ces cotonnades imprimées.

Conformément aux traditions cauchoises du mariage, le père « ameuble  » le fils qu’il marie et la mère de la future épouse lui donne le linge et les « habits de fillage » dans lesquels on trouve des mouchoirs de cou en toile fine et dentelle pour les cérémonies et en indienne pour la tenue journalière. Pour les hommes, appelé « cravate », le mouchoir de cou de cérémonie est en indienne et celui de tous les jours, engoncé dans le col de la « blaude », est tissé.

Les indienneurs bolbécais imprimèrent donc des mouchoirs de cou pour les femmes et des « cravates » pour les hommes, comme en témoignent les dépôts d’échantillons réalisés au Conseil de Prud’hommes de la ville et conservés aux Archives municipales. Le premier fabricant  d’entre eux fut Louis Gehet. En 1825, sa fabrique de toiles peintes (A 261) est établie  Hameau du Vivier de Fontaine, près du Vivier dont il est propriétaire (A 260) et comporte  cinq bâtiments annexes (A 258, 259, 262, 263 et 263 bis). Sa fabrique,  mal référencée en 1827 et 1829 dans  l’Almanach du commerce sous le nom de « Genet », n’apparaît plus en 1830, sans doute fermée pour faillite. En 1831 la fabrique est devenue la propriété de Pierre Abraham Fauquet-Lemaitre.

De 1826 à 1830, Louis Gehet effectua 9 dépôts au Conseil des Prudhommes de Bolbec pour 22 dessins d’indiennes aux couleurs très vives dont quelques fonds et bordures de mouchoir ou de cravate.

Graveur sur bois, âgé de 22 ans, Jean Baptiste Prosper Bouffet, épousait le 14 décembre 1812 à Bolbec, Sophie Henriette Petit, blanchisseuse, née à Bolbec le 31 octobre 1791. Il monta une indiennerie  dans la vallée de Fontaine et déposait au Conseil de Prud’hommes, en 1829 et 1830, , des fonds de mouchoir et une bordure sur laquelle on reconnait le dessin de la palmette ou « boteh », caractéristique des châles fabriqués dans la province de Cachemire. Dans l’Almanach de Bolbec de 1832, il figure sous le nom de « Bouffette ».

Louis Jacques Martin, né à Bourneville (Eure) en 1772, épousait, le 9 vendémiaire An IV (1er octobre 1795), à Bolbec, Marie Elisabeth Lannay. En 1809, il installa une indiennerie rue aux Moules (rue Thiers actuelle). Entre 1829 et 1839, il effectua plusieurs dépôts d’échantillons d’indienne dont un fond de cravate en 1829.

Les deux frères Fauquet, Jacques-Daniel et Pierre, dirigeaient conjointement deux filatures et deux indienneries dont l’une, située rue Labbé (rue V. Deschamps actuelle) avait été achetée à la famille Pouchet en 1780 par leur père, et l’autre, sise rue Jean Gilles (rue P. Fauquet-Lemaître actuelle), avait été créée en 1796-1797. Les deux frères se séparèrent en 1828 quand Jacques-Daniel fut élu maire de Bolbec.

En 1843, Prosper Pimont, directeur de fabrique, agissant au nom de Jacques-Daniel Fauquet, déclarait « trente et un dessin d’indiennes pour meubles et cravattes (sic) déposés ce jour par le soussigné… »

La même année, Pierre Fauquet, déposait au greffe du Conseil de Prud’hommes, deux dessins de mouchoir de cou.

La ville de Bolbec a en sa possession de magnifiques planches d’impression de mouchoirs de poche et de mouchoir de cou. Sur les planches appelées à l’époque « moules », le motif à imprimer est gravé directement dans le bois ou reconstitué par des picots et des lamelles de cuivre incrustés ensuite dans le bois ou bien encore réalisé par  des moulures en  plombine (mélange de plomb et d’étain) clouées sur la planche de bois. Quelques-unes d’entre elles sont exposées dans l’Espace Indiennes de l’Atelier-musée du Textile.